FRANCE – Strasbourg

Chœur philharmonique de Strasbourg, direction Catherine Bolzinger

Chœur symphonique

 
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” En mars dernier, à l’annonce du confinement, les répétitions du Chœur philharmonique de Strasbourg ont été suspendues et avec elles le fil de nos rencontres hebdomadaires et mensuelles, ininterrompu depuis 17 saisons. La pandémie a ainsi stoppé net la dernière ligne droite de notre saison. 8 concerts ont été annulés : le Requiem de Mozart et la Deuxième symphonie de Mahler avec l’Orchestre Symphonique de Mulhouse, La Troisième Symphonie de Mahler avec l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg, et le Canto General avec les Percussions de Strasbourg. Cette dernière programmation, construite dans le cadre de la présidence grecque du Conseil de l’Europe et autour de laquelle le comité du chœur s’était énormément investi, intégrait de nombreuses actions culturelles autour des vies et œuvres de Mikis Theodorakis et de Pablo Neruda, en partenariat avec plusieurs structures strasbourgeoises, cinéma, librairies, centres culturels, ainsi qu’avec une classe de collégiens.

Ma préoccupation pendant cette période d’arrêt était musicale – comment maintenir le lien avec les choristes, leur permettre de se nourrir musicalement et de maintenir leur voix ?  – mais aussi sociale – comment apporter un soutien moral à ceux qui en auraient besoin ?  – et prospective : comment continuer à se construire, et réfléchir dès maintenant à l’après ?
Entretenir le lien entre choristes et avec le public – « Nos chansons dans le confinement »
Notre collectif est fort et ancien, c’est donc assez naturellement que nous avons maintenu une relation par le biais de messages et d’apéros zoom.  Comme nous ne pouvions plus nous exprimer ensemble, le contact avec notre public a été nourri par la parole de chacun avec « nos chansons dans le confinement » : chaque soir sur Facebook, un membre du chœur proposait une musique de son choix. Les posts des uns et des autres, touchants ou drôles, m’ont donné l’occasion de faire connaissance avec chacun de façon plus individuelle et personnelle.  Sentir leur présence et leur investissement, malgré l’absence de perspective, m’a donné beaucoup de force.

© Aurèle Taillard

Maintenir l’activité musicale à distance : travail de la voix, travail de l’écoute, travail de la culture musicale
J’ai tâché de maintenir l’attention musicale des choristes autour de nos partitions par un « ravitaillement » régulier : analyses des partitions que nous étudiions, capsules vidéos sur l’histoire des compositeurs. J’ai été merveilleusement secondée par l’une des professeurs de chant du chœur, qui a réalisé des vidéos de techniques vocales autant drôles qu’efficaces.
S’informer et rompre la solitude
L’enquête auprès des chœurs du monde entier, dont vous êtes en train de lire le résultat, m’a permis de rompre la solitude de la réflexion et de compléter les informations que je lisais ici et là par des témoignages personnels. Ce fut passionnant de lire les expériences de mes collègues, je suis très admirative de leurs initiatives et fière de notre métier – un bon boost pour le moral !
Se projeter dans « l’après » 
L’aspect le plus difficile dans cette période, et encore maintenant, a été de continuer à construire notre prochaine saison, à réfléchir à « l’après », mais sans visibilité. Avec le comité, après avoir organisé le report de notre projet du Canto General, nous avons tiré profit de ce temps de pause pour faire un vrai osterputz* à l’alsacienne. Je ne doute pas que la réflexion de fond engagée sera fructueuse  pour notre fonctionnement.
 
Pour la suite de notre saison, dans l’incertitude quant à la capacité des salles à programmer des effectifs comme le nôtre à l’automne, j’ai imaginé plusieurs scenarii et plusieurs programmes. De fait, le rythme de la communication gouvernementale, de quinzaine en quinzaine, n’a pas toujours facilité les choses – je suis assez envieuse des japonais par exemple qui ont établi un calendrier clair de leurs reprises.
 
Sur ce point autant que dans les aspects musicaux de notre pratique, chacun porte dans son expression les traits caractéristique de sa culture – et c’est bien cela qui est passionnant, n’est-ce pas ? Pour notre part, nous sommes heureux de prendre à notre compte le slogan de notre ville : “Strasbourg l’optimiste.” “
 
Catherine Bolzinger, directrice artistique et musicale du Chœur philharmonique de Strasbourg
 
* ménage de printemps

© Grégory Massat

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